Les papiers Néret émanent de trois receveurs généraux des Fermes unies de Saint-Quentin : Charles Alexandre Néret, son neveu Jean-François et le fils de celui-ci, Joseph-Marie.
Le premier administre d'abord, vraisemblablement entre 1715 et 1718 la sous-ferme des papiers et parchemins timbrés de Provence et Dauphiné. Puis, en vertu d'une procuration de Charles Cordier en date du 21 février 1726, il remplace Guillaume Gayant au poste de Receveur général des "Fermes générales unies" pour le département de Saint-Quentin. Le 30 juin 1741, il est remplacé par son neveu Jean-François Néret qui exerce jusqu'en 1782 ou 1783, date à laquelle son fils le remplace.
À l'exception des documents relatifs à l'administration de la sous-ferme des papiers et parchemins timbrés de Provence et Dauphiné, la plupart des documents constituant ce fonds sont des pièces comptables. La Ferme générale est en effet une organisation financière qui perçoit les impôts indirects. Les entrées d'argent et les dépenses effectuées par le Receveur général des fermes du département de Saint-Quentin sont inscrites dans des comptes généraux annuels. Ces derniers sont dressés distinctement pour chaque impôt : on trouve des comptes généraux des recettes et dépenses sur les gabelles, les aides, la formule, les traites, la marque d'or et d'argent, le contrôle des actes de notaires, les huiles et savons, les droits de sortie des grains, le vingtième denier ou encore la régie des vins. Ces comptes sont rédigés pour les Fermiers généraux et envoyés à l'Hôtel des fermes à Paris, bureau des comptes, pour y être validés et certifiés.
Quelques documents relatifs à la capitation des employés et à leurs appointements, des registres journaux et des quittances de paiements viennent compléter ces documents comptables.
Des arrêts du Conseil d'Etat du Roi, quelques délibérations des compagnies en charge de la gestion des Fermes générales unies et de la correspondance (notamment pour la période 1787-1793) permettent d'appréhender l'organisation de cet organisme.
Ces documents, qui illustrent l'activité professionnelle des Néret, sont accompagnés de quelques documents épars qui détaillent la comptabilité personnelle de cette famille. On trouve en effet un registre d'inscription des sommes versées annuellement au Receveur général des fermes du Roi à Saint-Quentin entre 1718 et 1790 et quelques feuillets indiquant les mouvements financiers opérés entre 1775 et 1783 sur les sommes déposées chez M. Paul Véron, banquier à Paris. On trouve également deux documents techniques non datés relatifs à la collecte et au mesurage des sels.
Intérêt du fonds
Malgré le faible volume des documents conservés, les papiers Néret s'avèrent très précieux pour l'étude de l'organisation fiscale mis en place par la monarchie au XVIII siècle, et ce d'autant plus que les archives des fermes furent en grande partie détruites au moment de la Révolution.
Les documents qui concernent la période 1715-1718 permettent de découvrir, à travers l'exemple de la sous-ferme des papiers timbrés de Provence et Dauphiné, la pratique généralement observée chez les fermiers généraux de sous-affermer les aides et les domaines à des compagnies particulières. Les quelques délibérations de la Compagnie illustrent assez bien les préoccupations des financiers pour la gestion de leur sous-ferme.
Les documents relatifs à la période 1719-1793 permettent d'illustrer le fonctionnement d'une direction provinciale des Fermes générales unies à Saint-Quentin au travers des nombreux comptes et états financiers dressés par les Néret qui se sont succédé au poste de Receveur général des fermes à Saint-Quentin. Les revenus perçus par les Fermiers généraux au titre des impôts indirects peuvent facilement être étudiés grâce aux comptes généraux qui constituent un ensemble homogène. De même, grâce aux documents sur la capitation des employés, on peut appréhender, dans une certaine mesure, les nombre et la composition des agents employés par la Ferme de Saint-Quentin tant dans les greniers à sel que dans les brigades chargées de la répression de la contrebande du sel.
De même, l'étude du registre d'inscription des sommes versées annuellement au receveur général des fermes du roi à Saint-Quentin entre 1718 et 1790 permet de mesurer l'étendue du capital d'une famille occupant un poste important au sein de la Ferme générale.
C'est en définitive l'évolution de la Ferme générale tout au long du XVIII siècle que l'on peut étudier grâce aux papiers Néret. La liquidation de cet organisme par la Révolution est également représentée grâce à la correspondance de Joseph-Marie entre 1787 et 1793.